Le trente-et-un décembre 2963, le cri d’un nouveau ébranla la demeure Mirwill, perchée dans les hauteur de la ville. La première fille de Lazar et Raven Mirwill s’époumonait, hurlait au ciel sa nouvelle vie sur cette terre. Une énième descendante ouvrait ses yeux acier sur ce monde, comme si ses ancêtres la poussaient à poser son regard innocent sur le monde qu’elle devrait dominer un jour. Car tel était la voix des Mirwill : recouvrer leur gloire passée, récupérer ce qui leur revenait de droit et montrer à leurs ennemis qu’ils n’avaient ni le temps ni l’intention de les pardonner. Œil pour œil, dent pour dent. Cependant, le bébé qu’était alors celle qui se fit appeler Anthéa n’en avait cure. Elle ne voyait même pas vraiment.

Cette arrivée nouvelle ravit les nouveaux parents, concrétisant leur amour par un être de chair et de sang, qui mêlait le meilleur des deux, et qui semblait plein de vie. La promesse d’un avenir heureux bien que peu calme se dessinait devant eux. Le temps fila et Anthéa eut rapidement un an, s’éveillant toujours plus au monde, démontrant une curiosité insatiable, elle rampait maintenant partout dès qu’elle le pouvait, comme si elle cherchait à échapper à ses parents, les faisant tourner en bourrique alors qu’elle ses rires résonnèrent à travers la maison du couple. Cumulant leurs études et leur rôle de parent, on aurait pu penser qu’ils laisseraient quelqu’un d’autre s’occuper de leur fille, comme une nourrice, mais non. Ils tenaient à être là pour elle, à lui accorder tout le temps qu’ils pouvaient pour la voir grandir et la guider sur une voie dont elle n’aurait pas honte. Certes, l’aide des grands-parents ne fut pas négligeable, et le bébé qu’elle était alors passait de merveilleuses journées à leurs côtés, mais rien ne pouvait remplacer le réconfort de ce sentiment de sécurité qu’offraient ceux lui ayant donné la vie.

Alors qu’elle approchait de son deuxième anniversaire, le ventre de sa maman s’arrondissait et la curiosité d’Anthéa était à son comble, même si elle ne comprenait pas tout. Elle marchait désormais, bien que bancale, et s’efforçait de réussir à faire toujours plus de pas, afin de pouvoir suivre sa douce mère et son bidon où était un bébé. Grande sœur. Thea allait devenir une grande maintenant, une personne sur qui on pourrait compter. Elle en était fière et en même temps, jalouse. Jalouse car Raven ne jouait plus autant avec elle, elle était souvent épuisée, si ce n’est arasé par ses journées. La petite fille, elle, lui en voulait car c’était sa maman à elle et qu’elle avait l’impression que celle-ci ne l’aimait put. Évidemment, tout cela n’était que les élucubrations d’un bébé qui ne ressentait que des émotions puissantes sans vraiment comprendre la raison desdites émotions. C’est d’ailleurs à cette époque que les premiers signes de la différence d’Anthéa apparurent. Elle fondait en larmes, sans raison apparentes, ses petites mains boudinées sur ses oreilles, même lorsque tout paraissait calme. Elle rejetait des habits, des aliments ou encore des odeurs sans pouvoir expliquer pourquoi, passant pour une enfant difficile, capricieuse. Certains préconisèrent aux parents de serrer la vis, sans quoi elle deviendrait une enfant pourrie gâtée, d’autres les rassurèrent en leur disant que cela passerait avec le temps.

Mais plus le temps passa, et plus les différences de la petite sautaient aux yeux de sa famille. Bien que ce fût toujours quelque peu complexe de suivre, puisqu’elle ne parlait pas réellement, bredouillant quelques mots avec autorité, Anthéa parvenait néanmoins à se faire comprendre et ses parents durent s’adapter à cette petite qui semblait bien sensible sur beaucoup de points. Sensibilité qui semblait se calmait au fur et à mesure qu’elle grandissait. Et plus le temps passait, plus sa famille lui apprenait des choses, au plus grand bonheur de la petite. D’ailleurs, alors que son quatrième anniversaire approchait, il fut décidé qu’elle dût commencer à sociabiliser avec des enfants de son âge. Mais au lieu de la lancer dans la fosse au lion, comme a pu l’être son père, ils firent les choses plus subtilement, plus doucement pour ne pas trop brusquer cette petite. Ils invitèrent alors une famille dont ils étaient proches plus jeunes, mais que la vie avait un peu éloignée à cause de leur travail respectif.

Bien entendu, Raven prit le temps de bien expliquer à sa fille ce qui allait se passer. De fait plusieurs fois au cours des jours précédents la rencontre, pour qu’elle puisse appréhender au mieux ce moment sans finir submergée par le bruit, les émotions ou simplement, par tout ce monde qu’il y aurait. Le jour j, Anthéa se sentait prête. Et nerveuse, car on lui avait fait la promesse qu’elle se ferait un ami. Qu’importe l’amour qu’elle portait à sa petite sœur – dont la naissance avait un peu aidé l’enfant à calmer ses crises -, elle commençait à ressentir ce besoin d’avoir quelqu’un à qui parler, avec qui jouer sans toujours devoir faire attention à tout. La solitude ne la dérangeait pas plus que cela, mais il est vrai que si elle pouvait trouver un partenaire de jeu, elle n’allait pas cracher dessus.

Malheureusement, tout ne se passa pas comme prévu. Si l’arrivée des Sacavar fut pleine de réjouissance, et si le fils de cette famille – Ewan – semblait timide, les éclats et les rires des adultes emplirent la tête de la petite, les odeurs assaillirent son petit nez et les mouvements alentour lui semblèrent si vifs qu’elle se mit à crier de toute son âme, les yeux pleins de larmes. Les stimuli sensoriels avaient eu raison d’elle, mortifiant ses parents. Non pas parce qu’elle ne semblait pas s’adapter à la situation, mais surtout parce que malgré tous leurs efforts, elle n’y arrivait pas. Comme s’il n’avait pas fait assez. Pourtant, il se passa une chose qui scella le destin de ces deux familles. Ewan s’était approché d’elle, doucement, presque comme un chaton intimidé, et avait posé ses petites mains sur les oreilles de Thea, posant son front contre le sien. Il n’avait pas dit un mot, mais il la regardait dans les yeux, son regard océan captant celui d’acier de la petite. Il n’y eut plus un mot, les adultes regardant leurs enfants. Lentement, mais certainement, Anthéa se calma, finissant par simplement renifler un peu fort, les yeux rouges, ses mains ayant rejoint celles d’Ewan sur ses oreilles. Ce n’est qu’alors que l’ombre d’un sourire naquit sur le visage du petit garçon, finissant d’apaiser la petite fille. Elle venait de trouver la personne la plus importante de sa vie, celui qui arrivait à gérer ses angoisses et ses peurs, qui arrivait à la ramener quand son esprit s’évadait. Celui qui deviendrait son ancre, au même titre que ses parents et sa petite sœur.

Le temps filait et la petite brune changeait, grandissait et s’épanouissait avec sa famille et Ewan. Le jeune garçon passait la plupart de son temps libre avec Théa, même si maintenant, cela ne signifiait plus que le weekend. Car Ewan était entré à l’école alors que la petite recevait des cours de précepteurs particuliers à la maison. Son comportement, ses réactions, bien qu’amoindrie, évoluant en même temps qu’elle, était un problème. Même si ce n’était pas forcément ainsi que sa famille le voyait, lâcher Anthéa dans un endroit qu’elle ne connaissait pas, avec autant d’enfants, de bruits et de stimulations sensorielles n’était pas la meilleure idée qui soit. Ils voulaient avant tout s’assurer qu’elle y parviendrait sans finir en larme, perdue et submergée par tout cela. Alors quoi de mieux que d’inviter petit à petit d’autres familles avec des enfants pour apprendre à la petite comment vivre avec ce qui la handicapait ? En y allant progressivement, au rythme de l’enfant, il s’avéra qu’elle arrivait de mieux en mieux à appréhender ce qui l’entourait et ce qu’elle ne pouvait pas contrôler.

Ce ne fut que trois ans plus tard que la petite brune, avec son air le plus sérieux malgré ses quelques dents en moins, déclara qu’elle voulait aller à l’école. Oh pas immédiatement, car ce n’était pas forcément la meilleure des idées de faire d’elle la nouvelle en milieux d’année – et donc le centre d’une attention qu’elle ne voulait pas -, mais après de longues conversations, il fut donc établi qu’elle rejoindrait Ewan pour la rentrée suivante : d’ici quelques mois, la jeune Mirwill deviendrait une vraie grande, pour le plus grand bonheur d’Ewan qui la rejoindrait alors à Ilios.

Lorsque le grand jour arriva, la petite était dans un état d’excitation improbable, bien qu’elle eût un peu peur. C’était nouveau, mais elle avait appris à connaître les jeunes qui pourrait être dans sa classe, donc si ce n’est la façon dont ils apprenaient ainsi que l’instituteur… Et le lieu, tout devrait bien se passer. C’est donc dans les bras de sa mère, accompagnée par son ourson de père, qu’elle arriva devant un établissement bien plus coloré que ce à quoi elle s’était attendue. Il y avait foule, ce qui perturba Théa, qui cacha son visage dans le cou de sa mère, tremblant un peu. Mais une petite voix fluette couvrit rapidement le brouhaha ambiant, lui faisant redresser la bouille tel un bébé suricate. Ewan. C’était la voix d’Ewan ! Oubliant tout le reste, elle regardait autour d’eux, mais sa mère n’était pas assez grande, alors elle tendit autoritairement ses bras vers son géant de père qui accepta de la prendre dans ses bras. Mais la petite, poussée par ce besoin de retrouver son ami, escalada littéralement son père pour aller s’installer sur ses épaules, n’entendant pas le hoquet de surprise de sa mère, inquiète.

Enfin, elle le vit. Il était déjà dans la cours, faisant de grands signes et sautillant, heureux que sa meilleure amie le rejoigne enfin. Oubliant un instant son azovien, Théa dirigea son père, tel un pégase, droit vers l’entrée. S’il ronchonna, ou montra le moindre signe de désaccord, la petite ne s’en rendit pas compte. Et la voilà de nouveau sur le sol, après avoir embrassé ses parents comme si elle pouvait les revoir à tout moment, courant dans les bras d’Ewan qui riait de bon cœur. Front contre front, les yeux fermés, les deux enfants se saluaient et se canalisait de la même façon que lors de leur première rencontre. C’était devenu leur petit rituel : quand l’un d’eux allait mal, pour se dire bonjour, ou encore, quand la petite n’arrivait plus à réguler ce qui l’entourait. Le petit blond était devenu sa bulle dans ce monde bruyant. Car à chaque fois qu’ils faisaient cela, c’était comme si le monde disparaissait. Étrange ? Peut-être mais c’était leur petit rituel à eux.

Ses débuts ne furent pas de tout repos, mais néanmoins elle finit par arriver à ne plus hurler, les mains sur les oreilles ou s’arrêter brutalement, les yeux dans le vague et le cerveau vide. Sans Ewan, elle n’y serait jamais arrivée.  Et alors que les années passèrent, elle découvrit une chose qui allait l’aider à jamais à ne plus tomber dans ce que certains pourraient appeler « ses mauvais travers ». Les livres. Où plus précisément, les romans. Basculer dans un monde inconnu, suivre les aventures de personnages qui ne sont pas des altérés, se perdre dans ses univers au point de ne même plus remarquer lire, mais d’avoir l’impression de regarder une pièce de théâtre tant l’imagination travail. Au fur et a mesure, la brune se rendit compte que lorsqu’elle lisait, elle s’oubliait. Elle oubliait le monde autour d’elle et… Elle ne souffrait plus, ne se sentait pas perdue. De fait, elle fit de moins en moins de crise, se plongeant dans les livres quand elle se sentait à la dérive, quand elle savait qu’elle allait bientôt perdre pied. Finalement, c’était une fuite pure et simple de ce qu’elle ne pouvait contrôler, jusqu’à finir par oublier pourquoi elle avait ainsi fui la réalité.

Alors qu’elle approchait de ses seize ans, Thea se posait des questions. Sur les garçons, mais aussi les filles. Sur ce qu’elle pouvait bien aimer. Sur ce que faisait un baiser dans la vraie vie. Alors elle en parla à Ewan, qui accepta de se prêter au jeu. Ils se connaissaient depuis si longtemps que finalement, pourquoi ne pas voir si l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre n’avait pas la possibilité d’évoluer et de les unir bien plus profondément ? Alors ils firent les choses bien : Ewan l’invita à sortir, et ils se baladèrent au chemin de traverse, avant d’aller faire un tour dans une auberge pour boire un jus de citrouille. Ils firent le tour des librairies et des magasins de sport, chacun ayant besoin de quelque chose. Puis alors que l’heure de rentrer sonnait, les deux se regardèrent en rougissait, anxieux de ce qui allait se passer. La main du jeune homme trouva la joue de la demoiselle, la lui caressant avec tendresse, alors que les cœurs s’emballèrent et que les bouches s’asséchèrent. Il glissa maladroitement ses doigts de long de sa mâchoire, la perdant dans ses cheveux, et il l’attira doucement contre lui, son bras libre s’enroulant tendrement autour de sa taille. Anthéa le regardait, les yeux légèrement écarquillés de surprise. Cela ressemblait trait pour trait à une scène de baiser qu’elle avait lu peu de temps auparavant ! Et comme elle avait prêté le livre à Ewan – devenu tout aussi accro qu’elle – il était désormais clair que là où elle rêvait ses scènes, le blond était prêt à s’en servir comme modèle pour séduire. Et force était de constater que cela fonctionnait trop bien sur elle !

Le visage de son meilleur ami s’approchant du sien, elle ferma les yeux et offrir son premier baiser à ce jeune homme qui était presque son âme sœur. Cependant, quand bien même il faisait preuve d’une douceur incommensurable, et que ses propres mains avaient glissé autour du cou du jeune homme, Thea ne ressentit rien. Pas ce goût sucré décrit dans les romans, pas ces papillons dans le ventre, pas ses vertiges… Rien. Si ce n’est que ce n’était clairement pas normal. Ewan dut ressentir la même chose, car ce baiser ne dura que quelques secondes avant qu’il ne détache ses lèvres des siennes, l’observant un peu sceptique. Ils restèrent un moment yeux dans les yeux avant d’éclater de rire. Non, ce n’était définitivement pas pour eux. Cela ne fit que sceller définitivement leur amitié.

Alors que sa rentrée à Ilvermorny arrivait à grands pas, Anthéa jeta son dévolu sur un magnifique chaton blanc et noir, avec une tache sur le nez qu’elle nomma Ward, du pseudonyme d’un auteur qu’elle apprécie énormément. Le chat grandit avec elle et il était devenu son meilleur ami, l’être avec qui elle était la plus fusionnelle hors sa sœur et Ewan. Il est très rare de voir Thea se balader dans le château sans ce mâle à ses côtés, se dandinant fièrement comme s’il était le roi de ces lieux.

D’ailleurs, le plus amusant dans l’histoire est sans doute la relation qu’entretienne le chat et Ewan. Ce dernier arrivait à être jaloux lorsque sa meilleure amie donnait trop d’attention à son bébé chat. Et le pire dans tout cela, c’était que le chat était jaloux d’Ewan ! Au moins, cela amusait grandement la jeune femme, et comblait un peu son cœur de la peine que le blondinet ne soit pas dans la même maison qu’elle. L’imbécile avait fini cher les rouges, ce qui n’avait rien de surprenant en soit, mais pour la première fois de sa vie, Anthéa dut faire face à une certaine solitude en sachant son ami si proche et si loin à la fois. Les premiers mois au sein de la maison Aetheria furent compliqués, car seule, sans Ewan pour la recentrer et la ramener sur terre, elle passa plus de temps le nez dans ses livres qu’à faire connaissance. On finit même par se demander si sa place n’était plutôt chez les Serdaigle.

Finalement, grâce encore une fois à Ewan et sa sociabilité à toute épreuve, elle finit par se faire des amis et s’ouvrir timidement à ce monde nouveau que représentait l’école. Elle découvrit rapidement les merveilles que recelait cet établissement, que ce soit à travers les légendes, les histoires murmurées le soir au coin du feu, ou en fouillant la bibliothèque… Il y avait tant de mythes, légendes et superstition liée à cette école que son esprit se remit rapidement à chauffer, des milliers d’idées fusant de son esprit pour les coucher sur le papier et commencer à remplir des dizaines de carnets. C’est ainsi qu’elle commença l’écriture, qui deviendrait alors sa seconde passion.

Contrairement à sa cadette, qui ne rentre pas systématiquement, l’ainée, elle, rentrait dès qu’elle le pouvait. Pour retrouver les siens, certes, mais aussi pour retrouver sa bulle : sa chambre. C’est dans cet espace qu’elle se sent le mieux et où elle peut écrire sans prendre le risque d’être découverte par un autre élève. Elle emmenait son carnet noir partout, ne le laissant jamais sans surveillance, mais n’osait que rarement s’adonner à l’écriture de la saga qu’elle écrivait depuis plusieurs années. Si elle avait fini le worldbuilding et la trame principale de son récit, elle prenait le temps de relire, modifier, corriger son texte et d’avancer dans l’histoire. Elle sentait que la fin ne tarderait pas. Et elle avait dans l’idée d’essayer de se faire publier, pour que les sorciers puissent découvrir la beauté d’un monde débordant de créatures inconnues et d’une magie bien différente de celle connue.

C’est d’ailleurs après en avoir longuement parlé à ses parents, sa sœur et Ewan – et après leur avoir fait lire ses premiers jets – que la brune décida de s’orienter vers une carrière liée à l’écriture. Le journalisme lui sembla la meilleure option, cependant, elle en oublia un détail : elle serrait dépêchée vers des endroits qui pourraient lui être inconnu, et elle devrait apprendre à devenir réellement intrusive pour découvrir – ou extrapoler – les petits secrets d’autrui. Ce qui n’était clairement pas gagné vu la miss. Mais elle fit de son mieux, se donnant corps et âme dans ce projet, afin de pouvoir vivre de ses romans plus tard. Un tremplin pour son rêve, quelques concessions et des sacrifices à faire pour finir heureuse, était-ce vraiment un problème ? Ewan, lui, prit la direction d’un cursus en sécurité, souhaitant suivre les pas de Lazar Mirwill au sein de la garde de contrôle des Altérés, ce qui éloigna un peu plus les deux amis, sans pour autant les séparer, car dès qu’ils le pouvaient, ils se retrouvaient. Finalement, ils avaient une relation similaire à celle de jumeau : chacun avait un pressentiment quand l’autre allait mal, ils se complétaient en tout et surtout, surtout, ils étaient toujours prêts à défendre l’autre envers et contre tous.

Lorsqu’elle n’est pas en cours, ou à la recherche des siens, la demoiselle vagabonde dans la nature autour de l’école, pour couper un peu avec le brouhaha constant présent là-bas. Si elle aime être sociale, sa batterie se vide à une vitesse folle et elle a besoin de se retrouver seule avec elle-même. Et si elle n’est pas dehors, vous avez de grandes chances de la trouver non loin de sa sœur ou de ses cousins. Elle ne s’impose pas à eux, mais ressent le besoin de veiller sur eux, un peu comme une seconde maman. Un instinct maternel assez surprenant lorsque l’on sait qu’elle ne s’intéresse à personne. Oh, elle est toujours aussi incertaine de sa sexualité, mais elle ne veut pas approcher autrui quand elle regarde du mal que son capable les jeunes de son âge. Avoir un coup de cœur pour une personne ne l’oblige pas à devoir lui courir après, n’est-ce pas ?

C’est d’ailleurs elle qui initia une conversation quelque peu houleuse avec ses parents, au sujet de son futur : puisqu’elle n’avait pas trouvé l’amour auprès d’un camarade comme eux s’était trouvé, elle aimerait commencer quelques rendez-vous arrangé pour voir au sein de leur société s’il y avait quelqu’un qui pourrait lui correspondre, en promettant de faire passer ses sentiments en premier, qu’importe ce que la famille d’en face pouvait bien leur apporter. Elle serait donc seule décisionnaire du choix de son futur époux, mais ses parents gardaient un droit de véto. Hors de question qu’elle épouse un homme qu’elle n’aimera pas et qui ne l’aimera pas. Ewan fut moins réceptif à cette idée, préférant lui présenter ses amis ou ses cousins que de la laisser aux mains d’un inconnu. Du coup, elle lui promit qu’il pourrait être à ses côtés lors de ses rendez-vous. Ou pas bien loin, en cas de problème. Ce garçon était parfois une véritable mère poule pour la brune, et elle devait bien avouer que cela la rassurait…