Voilà plusieurs semaines que tu étais marié et pas un seul jour où on te rappelle que c'est aberrant. Pourtant tu n'as fait qu'écouter la Glymera. Tu devais te marier. Oui, ce n'est pas une femme. Mais tu avais demandé à chercher le moindre écrit pouvant te l'interdire et il n'y en avait aucun. A partir de là, tout étais permis. Tu sais qu'une épouse te seras obligatoire pour continuer ta lignée. Mais c'est aussi pour cela que tu avais pris un homme, pas de risque de mourir en mettant bas. Car tu es profondément choqué et toujours attristé par les pertes qui ont jonchées ta Vie. Tu n'as fait que gagner du temps en choisissant l'option auquel personne n'avait songé. Après, Adam semble parfaitement s'acclimater à son nouveau rôle. Tu ne peux que le féliciter. Tu ne sais pas encore comment tu dois le percevoir. Un allié, une autre épine dans ton pied, ou la neutralité. Si jusqu'à présent, il t'a suivi dans tes décisions. .. Combien de temps cela va-t-il durer avant qu'il prenne possession entièrement de son statut ? Car ce qui est à la reine est valable pour un Roi et ça .. Le comprend t-il ? L'avenir le dira.

Pour l'heure, c'est d'un pas pressé que tu traverses ton antre afin de le retrouver. Afin de renforcer votre lien et qu'il soit le moins remis en doute possible, vous aviez décrété un temps pour partager votre sang mais il faut croire que ce garnement t'avait oublié. Tu savais parfaitement où le trouver - et temps mieux parce que tu n'avais aucune envie de perdre ton énergie. Si d'ordinaire, tu n'es pas à cheval sur la ponctualité - et l'heure en générale - t'aimais pas trop que lui te pose un lapin. Situation qui te donnait du fil à retordre avec ton Conseil, alors la moindre miette qui pouvait être ramassée, se devait de l'être immédiatement. Et puis, il faut avouer au fond qu'il avait un gout prononcé suintant le sucre - enfin, t'es pas bien certain que ce soit vrai mais c'est ainsi qu'il t'apparaissait en bouche.

Après avoir marché dans maintes couloirs, écouté des doléances et mené de futiles conversations ; enfin tu débarques dans la bibliothèque. Pour ne pas l'interrompre dans sa lecture - il ne peut y avoir que des écrits en concurrence avec toi - tu te dématérialises pour venir lui arracher son bouquin au dernier moment. C'est dans un fauteuil richement orné de couleurs rougeoyantes que tu t'installes lisant faussement son bouquin. - Ce sont donc ces bêtises (tu ne le penses pas) qui  m'empeche de te vider mon ami. Je vais être obligé de demander le divorce si tu manques à tes obligations conjugales. Le regard franc et incisif, sortant en même temps tes canines. T'es faussement mécontent mais tu as envie de râler pour la forme. - Raconte moi ta trouvaille du jour qui me prive de ta compagnie jusque tard la nuit. Ce n'est en rien un reproche au sens propre. Tu peux comprendre la passion qui l'anime en tant que chercheur qu'il est.

- Qu'as-tu contre mon amie Cunégonde ? Je suis certain qu'elle au moins, accourra pour venir s'abreuver à mon poignet, à la différence de toi. Tu arques à un sourcil, amusé par ce début d'échange. Tu grincerais farouchement des dents si tu avais une écervelée d'épouse voulant léchouillant une partie de ton corps pour le restant de ta Vie. Mais pour l'heure, tu n'as ni épouse ni écervelée mais un époux assoiffé de savoir qui t'a oublié, c'est bien les faits qui t'amènent jusqu'à lui. - J'accepte ce triste sort mens-tu. Tu passes un jambe par dessus l'autre, venant lisser ta barbe - dont tu es assez fier par sa brillance - pour te concentrer sur autre chose que ce cauchemar. Tes oreilles se tendent vers la moitié. - C'est là un intéressant sujet, je dois bien l'admettre .. Bon toi clairement la transition ; tu préfères la ranger tout au fond de ta mémoire ou mieux, que cette étape de ta Vie disparaissent. T'es encore à vérifier tes canines par moment tant le traumatisme est ancré en toi. Rictus qui se fait sur tes lippes quand il joue sur les mots, pompeux à souhait mais tu n'es pas flatté par de tels machiavélismes. - J'attends des actes et non des mots .. C'est là un sport que mes favoris ennemis usent à chacune des séances. Alors il va falloir changer de stratégie pour obtenir un quelconque pardon .. Et te rappeler que j'aurais aimé être ton principal sujet d'études. Les billes le fixent, espérant sonder son âme.

Tu demeures impassible devant le spectacle qu'il te fait. Tu as pourtant passé du temps à ses côtés disséminées en des courts temps mais de là à le voir s'offrir de la sorte à toi, tu es circonspect. Tu ne sais comment réagir entre ce scalpel dans ses mains et la possibilité d'avoir une relation intime entre vous. Ca ne t'a jamais traversé l'esprit et ça ne va pas commencer. Quand ton appétit sexuel se fait sentir, tu sais parfaitement vers qui te retourner - ça n'inclut en rien Adam. Mais que lui puisse l'évoquer, ça te laisse pantois. Tu réfléchis à te prochaine réplique car tu n'es plus en face d'un chercher mais de ton Roi consort et tu n'as pas envie de provoquer un incident diplomatique dans ta propre couche. - Je suis pourvu de canines me permettant de fendre la peau d'autrui. Le partage étant un acte intime et spirituel, je ne saurais accepter qu'un tel métal se mette en travers d'un acte naturel. Ta langue claque en guise de décision - unilatéral, certes - car tu ne veux pas laisser planer de doutes sur ta vision de ce moment. - Ensuite, je n'ai aucun attrait pour les hommes donc tu vas pouvoir conserver intact ta tenue et te faire plus pudique ; en dehors de notre chambre. Ce n'était en rien un ordre mais plutôt un Roi se montrant possessif envers sa moitié, refusant qu'on puisse voir un bout de son derme. - Mais je me questionne sur tes expériences pour être aussi à l'aise sur ce sujet. Ton pied tapote frénétiquement le sol, synonyme d'impatience mais tu ne feras jamais rien sans son aval.

A la seconde où il te répond, tu dénotes la différence dans sa Voix et son langage non verbal confirme ; tu viens de casser l'ambiance comme diraient les prétransitions voulant tester ta force par moment. Oui t'es le genre à aller emmerder les petits et te plaindre de te faire vieux ensuite mais au moins tu conserves ta forme. Parfois, tu voudrais tous les adopter et aller les présenter à la Glyméra mais visiblement, ça ferait désordre. Et l'Enfant n'en rirait pas franchement. Alors tu te contentes d'être la montagne à abattre de temps à autre. Pour l'heure, tu as visiblement érigé un amas de froideur entre toi et ton époux. Mais tu n'es pas du genre à faire dans le faux-semblant et quand ça t'agace, tu sais parfaitement l'exprimer. Il faut croire que ça ne lui a pas plu. Mais il recommencera pas à vouloir t'ôter l'envie de le dévorer. Pour la seconde partie, tu laisses ton esprit critique faire sa propre conclusion, d'autant que tu semblerais être son premier ; ça t'intrigue mais pas aujourd'hui. Tu balaies de la main sa première phrase, comme pour échapper à l'hypocrisie qu'on te sert chaque jour. Tu te replaces pour poser tes coudes sur tes genoux, le torse en avant et le perçant regard le détaillant. - Je n'attends rien de toi Adam. Tu es libre de tes mots, de tes gestes et de tes occupations. Je ne t'ai pas marié pour que tu sois mon prisonnier. Tu es independant de moi à certains niveaux embrasant tes responsabilités de consort au moment venu. Bon si finalement, qu'il endosse son rôle quand il se sentira prêt, c'est ce que tu demandes en filigranes. Mais ce n'était pas non plus le sujet du jour et tu n'avais pas non plus envie de l'évoquer et qu'il se sente pressurisé. Tu t'étais déplacé pour une chose précise qui visiblement n'était en rien réciproque. Et tu n'allais certainement pas quémander. A partir de là, tu ne pouvais que repartir vaquer à tes loisirs - ironie quand une montagne de décrets et doléances t'attendent. - Tu as des Desiderata que je dois entendre ?

Son unique phrase te ramène des siècles en arrière ; quand toi-même, tu voulais aussi comprendre. Comprendre les rouages de ton royaume. Comprendre le vice de la Glyméra. Comprendre ce qui n'avait pas marché durant les accouchements. Mais pas grand monde n'a su t'offrir de réponses satisfaisantes. T'as prié, t'as vérocifié contre Olin bon nombre de fois. Des pourquoi à t'en briser la Voix. Sans rien en retour. T'as jamais compris toi et voilà que ton époux devenait ton écho. Tu soupires ; pas contre lui car tu saisis vite qu'au final, il a besoin de ton aide. Il y a des réponses que tu n'as pas encore découvertes, d'autres ont été trouvé durant ton pèlerinage. Parfois, le jeûne te guide dans ta quête. Mais il n'y a qu'au fond de toi, que tu apprends. Tu quittes ton fauteuil pour te rapprocher de lui, venant tapoter à l'endroit à se positionne ce qu'il en reste de son cœur. - Tout est ici et autour de toi. Comprendre, c'est savoir. Savoir, c'est chercher. Chercher, c'est ton métier. Je n'aurais que des réponses sans précision puisées dans mon propre vécu. C'est à toi de façonner ta vérité Adam. Moi, je ne saurais qu'un sot à tes côtés, jour après jour. Il est mon devoir en tant que Roi, époux et ami d'assurer tes arrières mais le reste, c'est à toi de faire tes premiers pas. Je te protégerais du monde pendant que tu le découvriras. Ca te va ?

L'humeur de ta moitié se mue à nouveau. C'est assez intéressant qu'intriguant. Tu n'aurais jamais songé avoir autant d'influence sur ses états d'âme. Tu vas devoir comprendre ce qui peut le faire autant changer. Tu comptes bien jouer avec toute sa palette d'émotions. Mémoriser la moindre subtilité émanant de ton mari. Car plus vite, tu le comprendras, plus vite vous pourriez vous passer de mots en public. Il sera ton allié, autant que ton atout dans ta manche. Car sous-estimé et méprisé, il n'en est que plus fort. Tu viens embrasser sa main en guise de paix entre vous. - Comment comptes-tu te faire pardonner ? Tu t'es assis sur le bras du fauteuil, le regardant de ta hauteur, curieux.