Asha était arrivée à Athanatos avec l'idée de guérir son cœur meurtri, d'explorer le monde au-delà des frontières de Pasea et, espérait-elle, de découvrir des horizons nouveaux qui dissiperaient le chagrin qui pesait sur elle. Elle avait quitté son île natale après avoir accepté un arrangement politique, une union avec le frère de son ex-fiancé, conclu pour des raisons qui dépassaient sa compréhension. C'était une alliance entre familles, un accord destiné à renforcer les liens entre les sorcières de Pasea et les habitants d'autres contrées.

Le voyage jusqu'à Athanatos avait été pour elle une succession de découvertes et d'épreuves. Les vagues tumultueuses, les odeurs salées de l'océan, les visages inconnus, tout était nouveau et étrange. Le départ de Pasea, l'île mystérieuse des sorcières, avait été à la fois libérateur et déchirant. Les murmures de l'océan l'avaient accompagnée, lui offrant une mélodie apaisante qui contrastait avec le tumulte de ses émotions intérieures.

Asha se sentait petite et vulnérable dans ce monde étranger, mais curieuse malgré tout. Les rues animées d'Athanatos, avec leurs marchands bruyants et les senteurs variées de marchandises exotiques, étaient à la fois fascinantes et intimidantes. Elle était vêtue d'une robe légère aux couleurs de l'océan, un souvenir de son île natale, et ses longs cheveux noirs flottaient doucement dans la brise marine. Mais voilà qu'elle se trouvait dans une situation délicate sur ce marché.

Lorsqu'elle s'approcha du stand du vendeur, son regard, habituellement empreint de confiance, dévoilait une lueur de méfiance naissante. La malveillance dans les yeux du vendeur ne lui échappa pas, bien que sa gentillesse innée la rende parfois trop encline à voir le meilleur en autrui.

Le vendeur tentait de la convaincre avec des paroles mielleuses, mais Asha sentit que quelque chose n'était pas tout à fait juste. Elle était peut-être novice dans cet univers étranger, mais elle n'était pas dépourvue de bon sens. Les sourires forcés et les gestes trop exagérés du vendeur semblaient en décalage avec la sincérité qu'elle cherchait. L'intervention de Lo'ak fut pour elle une bouffée d'air frais. Ses mots directs et honnêtes résonnèrent avec ce qu'elle ressentait au fond d'elle-même. Le vendeur fut momentanément pris au dépourvu, et Asha perçut une pointe d'anxiété dans son regard. Elle écouta attentivement les avertissements du métamorphe. Sa grande silhouette et sa voix assurée la rassurèrent étrangement, contrastant avec le vendeur malhonnête. Elle sourit doucement en remerciement de son intervention.

- Je vous remercie infiniment de votre aide. Sa voix était douce mais ferme, refusant poliment les avances malhonnêtes du vendeur. Je suis reconnaissante que vous soyez intervenu. J'accepte volontiers votre offre avec plaisir, cela semble être exactement ce dont j'ai besoin.

Ses grands yeux verts exprimant sa gratitude sincère. Elle accepta l'aide du métamorphe pour monter sur sa monture, reconnaissante de cette main tendue dans ce monde qui lui était encore étranger. Alors qu'elle montait derrière Lo'ak sur Skoll, elle observa les rues animées d'Athanatos avec des yeux émerveillés. Les bâtiments imposants, les étals colorés, et la diversité des visages humains et non humains alimentaient sa curiosité. Elle se sentait reconnaissante envers ce métamorphe qui avait croisé son chemin, une rencontre qui promettait d'ajouter des chapitres passionnants à son voyage vers la guérison.

- Je m'appelle Asha. Tout en ajustait les plis de sa robe légère, elle essaya de retenir le chemin qu'il empruntait. Et je suis effectivement nouvelle ici. Je n'ai jamais quitté ma ville natale auparavant. Je n'aurais jamais pensé que les rues d'une ville pouvaient être si... Bruyantes et vivantes

Un sourire timide étira ses lèvres, essayant de masquer la tristesse qui persistait dans ses yeux.

- Là d'où je viens, ce n'est pas du tout comme ça, et chaque murmure du vent semble être une mélodie apaisante. Mais ici, c'est comme si la ville elle-même chantait une chanson tumultueuse. C'est presque enivrant.

Elle dévia son regard vers Lo'ak, cherchant à en apprendre davantage sur l'homme qui venait de lui venir en aide.

- Vous semblez connaître bien des choses sur Athanatos. Êtes-vous originaire d'ici ? demanda-t-elle, espérant établir un lien avec son mystérieux bienfaiteur.

Le vent salé balayait doucement ses cheveux noirs alors qu'ils avançaient à travers les rues étroites de la ville. Asha pouvait sentir l'énergie bouillonnante de la cité, un contraste frappant avec la tranquillité sereine de son île d'origine.

- Je ne sais pas vraiment où je devrais aller, ni comment fonctionnent les choses ici. J'ai entendu parler de ce marché, mais je suppose que tout n'est pas aussi accueillant que cela en a l'air. Elle baissa les yeux, se rappelant la tentative d'arnaque à laquelle elle venait d'échapper. Merci encore de m'aider. Je me sens un peu perdue, mais votre présence me rassure.

Elle esquissa un sourire chaleureux vers Lo'ak.

- Dites-moi, quels sont les endroits que vous recommanderiez à une voyageuse inexpérimentée comme moi ? Je suis ouverte à toutes les suggestions.

Asha était prête à embrasser chaque opportunité pour guérir son cœur meurtri et découvrir les mystères d'Athanatos.

Asha considéra un instant sa question, ses pensées oscillant entre la prudence et le partage d'une partie de son histoire. Elle se rappela le conseil du mercenaire de rester sur ses gardes et ressentit une pointe de méfiance, mais quelque chose dans son regard la poussa à se confier un peu plus.

- Disons que j’avais besoin de me retrouver, de soigner une blessure purulente, si vous préférez. Elle fit une pause, observant les traits de son compagnon de voyage avant de continuer. Vous avez raison, je ne suis ni mercenaire ni simple touriste. J'ai perdu quelque chose de précieux, et je ne suis pas certaine de le retrouver, mais je suis déterminée à essayer.

Son regard s'assombrit brièvement, reflétant la tristesse de ses pensées, mais elle secoua légèrement la tête comme pour chasser ces sombres nuages.

- Personne ne m'a mise en garde, mais je suis reconnaissante pour votre présence rassurante aujourd'hui. Les leçons du vrai monde peuvent parfois être rudes, mais je suis prête à les apprendre.

Les deux voyageurs avançaient maintenant dans une ruelle légèrement plus large, pavée de grosses pierres usées par le temps. Les bâtiments aux façades de pierre grise semblaient pressés les uns contre les autres, créant une atmosphère étroite et confinée. Les fenêtres aux volets en bois étaient fermées pour la plupart, comme si les habitants craignaient la noirceur croissante. L'air était imprégné d'odeurs variées, mélange de cuisine, de bois brûlé, et parfois d'une pointe de soufre provenant de torches éclairant çà et là.

La lumière du soleil déclinant projetait des ombres longues sur les murs de pierre, créant des interstices obscurs entre les constructions. Les échoppes bordant la ruelle semblaient en grande partie fermées, mais quelques-unes laissaient échapper une lueur chaleureuse à travers des rideaux usés. Les bruits ambiants changeaient, passant de l'agitation des marchands à la tranquillité relative de cette partie de la ville. La plupart des habitants semblaient s'être retirés à l'intérieur, laissant les ruelles devenir le royaume des chats errants et des feuilles poussées par la brise légère. L'atmosphère était à la fois paisible et méfiante, comme si chaque coin d'ombre pouvait révéler un mystère ou un danger.

Au loin, le son étouffé de la musique et des rires s'échappait d'une taverne encore ouverte, créant une atmosphère différente, plus vivante et accueillante. La lumière chaleureuse de l'intérieur illuminait brièvement l'entrée, révélant des silhouettes mouvantes et des tables remplies de clients. Les voix joyeuses et les mélodies entraînantes semblaient inviter à la fête, mais ils continuaient leur chemin, s'éloignant de cette bulle d'effervescence pour plonger dans les méandres des ruelles désertes.

Les murs de pierre paraissaient s'élever davantage à mesure qu'ils progressaient, créant une canopée d'ombres au-dessus de leurs têtes. Elle pouvait sentir l'humidité dans l'air, signe que la mer ne devait pas être loin. Sur ce, elle sourit légèrement au jeune homme, une lueur de détermination dans ses yeux.

- Et vous, Lo'ak, quelles sont vos raisons pour errer sur ces chemins ? Vous avez l'air d'avoir vu bien des horizons, bien des combats. Qu'est-ce qui vous pousse à continuer ?